Transformer sa maison au fil de la vie

Constellation flexible d’habitations

Table des matières
La maison S., construite en 1941 à Berne pour 4 adultes, a évolué sur 80 ans pour accueillir aujourd’hui six adultes et six enfants répartis dans trois habitations de taille adaptable. Cette maison multigénérationnelle offre à ses habitants et habitantes un équilibre entre proximité conviviale et intimité familiale. Depuis sa construction, la villa a d’abord évolué pour répondre aux projets personnels de ses propriétaires. Mais dans les années 1990, c’est la crise économique qui motive sa division en plusieurs habitations modulables. Le résultat dépasse largement l’objectif économique initial : la maison S. a évolué vers une constellation d’habitations, où la confiance et l’échange, le dialogue et la flexibilité assurent un vivre ensemble harmonieux.

Description de la maison

La maison S. est située dans un quartier résidentiel de la ville de Berne.

Elle a été construite en 1941 pour 4 adultes: la grand-mère, la tante et les parents de Sabine, qui étaient alors un jeune couple sans enfant.

Depuis 80 ans, la maison a beaucoup évolué, mais la structure d’origine est toujours là.

Aujourd’hui, Sabine et Georg sont les propriétaires. Ils habitent le rez de la villa originale et disposent d’un bureau qui occupe l’ancien garage.

Leur fils Samuel, sa femme Brigit et leurs trois enfants habitent dans la maison mitoyenne voisine. Cette maison a été ajoutée, dans les années 1980, dans l’espace entre les deux villas voisines.

Dans la maison d’origine, les deux étages au-dessus du logement des propriétaires ont plusieurs fois été transformés. Aujourd’hui, le duplex est loué à une famille: Caroline, Peter et leurs trois enfants.

Douze personnes vivent dans cet ensemble conçu à l’origine pour 4 adultes.

Les transformations successives ont créé une configuration qui s’adapte avec souplesse au cycle de vie de ses habitants et offre des solutions à des besoins qui changent et des ménages qui évoluent.

Entre intimité familiale et convivialité décontractée, la maison S. poursuit son chemin depuis plus de 80 ans!

Sabine
Georg
Samuel
Brigit
Caroline
Peter

Habitant·e·s

Dans cette maison, trois générations trouvent leur place. 

Les plus jeunes prennent la parole en premier: Balz compare la maison à Boucan (référence à Astrid Lindgren, «Les Enfants de Boucan»): «Il y a les anciens, ensuite les parents, et enfin nous».

Richard apprécie la proximité avec ses grands-parents et le plaisir d’être avec d’autres enfants, sans devoir s’éloigner.

Jon souligne le plaisir d’avoir son ami juste à côté, tandis que Gil apprécie parfois le calme pour lire tranquillement.

Mila et Tilly sont meilleures amies. Elles vivent dans une proximité idéale, suffisamment proches pour partager leur quotidien, mais avec assez d’espace pour préserver leur indépendance.

Samuel, le fils de Sabine et Georg, les propriétaires, raconte : «C’est la quatrième génération qui vit ici. C’est génial, mais c’est aussi ce que je connais et ce à quoi je suis habitué».

Balz
Richard
Jon
Mila
Tilly
Gil

Histoire de la maison

La maison, construite en 1941 par les parents de Sabine

Ses parents étaient alors un jeune couple sans enfant. Ils habitaient la maison avec la sœur de sa mère et sa grand-mère. À la fin des années 1940, le couple fonde une famille. Quelques années plus tard, la grand-mère et la tante laissent la maison à la jeune famille.

Sabine se souvient que les changements familiaux ont toujours été accompagnés par des transformations : «Mes parents rénovaient cette maison avec enthousiasme, encore et encore».

Transformation décisive

Une transformation décisive de la maison a lieu lorsque Sabine a 16 ans: le toit est surélevé et trois chambres avec des sanitaires sont aménagées dans les nouvelles combles. 

Avec un toit s’abaissant jusqu’au rez-de-chaussée, la modeste villa s’affiche dorénavant dans la rue comme une «maison d’architecte contemporaine».

Georg souligne que cette étape des années 1960 a ouvert la voie à toutes les évolutions ultérieures.

En 1968, Sabine part étudier à Zurich. Peu à peu, la grande maison devient trop grande pour ses parents, qui s’y retrouvent finalement seuls.

En 1977, Sabine revient à Berne avec son mari Georg et leur premier enfant. Au départ, la jeune famille loue un appartement ailleurs dans le quartier. Puis, la villa voisine de la maison parentale est mise en vente. Son prix élevé ne leur permet pas de l’acquérir.

Sabine
Georg

Construire sur la limite de parcelles

Ils proposent à un autre jeune couple intéressé de leur revendre la bande de terrain située en limite de parcelle pour financer l’achat et de leur accorder un droit à construire en mitoyenneté.

Sabine reçoit en avance sur héritage la bande de terrain et le droit de mitoyenneté correspondants sur la propriété de ses parents. 

Sabine et Georg disposent ainsi d’une parcelle de 10 mètres de large entre les deux villas existantes. Ils y construisent leur propre maison et s’y installent avec leurs deux enfants au début des années 1980.

Pour Sabine, vivre si près de ses parents n’a jamais été un problème et les enfants en ont beaucoup profité.

Crise économique

Au début des années 1990, la crise financière frappe l’entreprise de ses parents dont la maison devient une charge trop lourde.

Sabine et Georg proposent de louer une partie de la maison parentale: ils y installent leur bureau au premier étage et transforment les combles en logement indépendant.

Pour couvrir les frais, ils louent leur propre villa mitoyenne à une colocation: leurs deux enfants devenus jeunes adultes y cohabitent avec trois amis et amies.

Initiée pour des raisons financières, cette solution se révèle conviviale et joyeuse: «Nous avons eu de belles fêtes au jardin à cette époque !»

Pour permettre un accès indépendant à leurs espaces de travail et d’habitation, un escalier extérieur est aménagé dans la cour et un escalier en colimaçon relie le bureau au logement dans les combles.

Les transformations successives confèrent à la maison un caractère presque organique: les logements s’imbriquent les uns dans les autres et partagent la buanderie, la cave, le chauffage et des sorties vers le jardin: «Les enfants utilisent ces espaces comme des cachettes ou des passages secrets».

L'accès indépendant au premier étage.

Garantir la viabilité financière

Après le décès de leurs parents, Sabine et Georg transforment la maison parentale pour la rendre économiquement viable. 

Ils s’installent au rez et aménagent deux habitations indépendantes au premier étage et dans les combles.

La famille V.

Lorsque Caroline et Peter aménagent dans le logement de trois pièces au premier étage, ils sont un jeune couple sans enfant.

Caroline raconte comment, au fil des ans, sa famille s’est agrandie et son logement a évolué.

Le couple et leurs trois enfants se sont progressivement installés sur les deux étages. Ils y habitent aujourd’hui un duplex de cinq pièces, dont une sert de bureau à l’activité professionnelle indépendante de Peter.

Pour eux, le jardin représente une pièce de plus.

Caroline
Peter
Gil
Mila
Jon

Créer des options

Lors de la transformation de la maison en trois habitations superposées, Sabine et Georg déménagent leur bureau dans l’ancien garage réaménagé. 

Une salle de bain y est installée et une cuisine pourrait y trouver place: l’ancien garage est prêt à devenir un petit logement indépendant «pour le louer un jour ou pour y habiter si l’un de nous devait se retrouver seul».

La vente de la propriété n’a jamais été envisagée: «Vendre un bien à un emplacement comme celui-ci pour des raisons économiques serait une folie».

L'ancien garage devenu bureau/studio

Investir et louer

Les revenus locatifs permettent de financer la valeur actuelle de la propriété et permettent de maintenir le bien dans la famille.

Georg résume: «Cela a fonctionné jusqu’à aujourd’hui parce que nous avons rénové par étapes et avec des intervalles, réfléchissant à ce que cela pourrait donner dans dix ans».

Il insiste sur l’importance des revenus locatifs pour financer les travaux: «Les propriétaires ont souvent réduit leur hypothèque et s’ils génèrent de nouveaux revenus, ils peuvent aussi augmenter leur hypothèque».

Préparer la succession

Samuel envisage la possibilité de quitter, un jour, sa maison mitoyenne pour aménager dans un des appartements plus petits de la maison parentale. 

Pour lui, il s’agit d’une opportunité, mais non d’une obligation. 

En revanche, il se sent responsable de faire de son mieux pour que les générations futures puissent également profiter de la maison.

Brigit évoque l’avenir: «L’un des enfants a déjà dit qu’il voudrait revenir vivre ici plus tard». Bien que séduisant, il ne s’agit pas d’un plan concret.

Transformation continue

La maison a été rénovée par étapes, parfois tous les 10 ans, parfois tous les 20 ans. Sabine ajoute: «Cela fait maintenant 21 ans depuis le dernier chantier, donc il faudra bientôt envisager quelque chose à entreprendre».

Georg résume leur posture: «Nous avons toujours préféré étudier ce que nous pouvions faire, plutôt que de nous bloquer sur ce qui semblait impossible». 

Sabine ajoute que, d’un point de vue financier, les choses n’ont pas toujours été simples: «Parfois, nous n’avons pas attendu que tout soit amorti avant de démarrer un nouveau chantier». 

Georg confirme une certaine prise de risques financières: «Avec le recul, cela a fonctionné. Alors, où est le problème?»

Capacité de compromis

La viabilité financière a toujours été essentielle. 

La marge de manœuvre était parfois étroite et des compromis nécessaires. Georg confirme: «Faire des compromis et vivre avec, sans en faire une obsession, c’est ce qui nous a permis d’avancer».

Escalier

La transformation, réalisée par les parents de Sabine dans les années 1960, a posé les bases pour l’évolution future: 

«En modifiant la toiture, de grands espaces ont été créés autour de la cage d’escalier. Une telle générosité spatiale n’aurait pas été justifiée dans une nouvelle construction. Mais cela nous a été utile par la suite, car il y avait suffisamment de place pour ajouter des cloisons autour de l’escalier pour distribuer des logements séparés». 

Sabine souligne : «La distribution est essentielle pour rester flexible et permettre différents usages».

La position de l'escalier est déterminante.

Isolation phonique

Certains planchers en bois datent également de l’année 1941 et montrent des limites sur le plan phonique. 

Bien que renforcée au fil des chantiers, l’isolation phonique reste problématique: les habitants s’entendent les uns les autres. Mais les bonnes relations entre voisins et voisines rendent ce défaut supportable. 

Sabine reste détendue: «Je sais qui c’est et pourquoi ça fait du bruit. Georg et moi mettons simplement la télé un peu plus fort».

Balz propose de transformer l’inconvénient en un avantage: «Si mes grands-parents regardent un film et je suis seul, je les rejoins, parce que je sais qu’ils sont encore réveillés».

Georg explique que l’isolation phonique n’atteindra jamais le standard de propriété par étage. La bonne cohabitation repose nécessairement sur les liens entre les habitants et habitantes: «Avec des inconnus, cela ne marcherait pas». Sabine acquiesce: «Les deux parties se plaindraient tout le temps».

Potentiel d’optimisation

Pour le couple, chaque maison peut être transformée et optimisée, d’autant plus que la qualité du gros œuvre des bâtiments suisses est particulièrement élevée. 

Mais il est nécessaire de bien planifier son projet et de s’entourer d’architectes qui aiment transformer et rénover.

Sabine ajoute deux autres conditions favorables à la réussite d’un projet: «Il ne faut pas être trop perfectionniste. Il faut vouloir apprendre de ses erreurs. Mais cela a plus à voir avec la vie qu’avec la construction».

Vivre ensemble

La cohabitation repose sur le dialogue: «Si quelque chose ne va pas, on en parle immédiatement», explique Sabine.

Une séance est organisée en début d’année à l’occasion du décompte des charges. La gestion n’est pas un souci pour Georg: «Nous n’avons absolument pas de difficultés, nous discutons simplement de tout».

Caroline estime qu’en l’absence de règles fixes, ce sont le dialogue, l’esprit d’ouverture et une certaine flexibilité qui garantissent le succès de la cohabitation.

Samuel ajoute : « Nous nous demandons toujours : qu’est-ce qui est le plus simple ? Qu’est-ce qui a le plus de sens ? Comment règle-t-on cela ? »

Brigitte évoque la simplicité de l’organisation des corvées : « Celui qui y pense sort les poubelles, par exemple. Sinon, tant pis, c’est oublié ». Certaines petites choses agacent parfois, mais les différends se règlent avec le sens de l’humour.

repas

Espaces extérieurs

La gestion des espaces extérieurs est également fluide. 

Chaque ménage dispose d’une zone dédiée. 

Mais les limites d’utilisation sont souples: «On se demande les uns les autres», résume Caroline.

jardin

Vie privée

Brigit apprécie la spontanéité qui résulte de cette souplesse. 

Elle ajoute: «Tout le monde doit être assez ouvert pour ne pas se sentir observé, sinon cela ne fonctionne pas».

Samuel précise toutefois que chacun peut se retirer quand il le souhaite: «Nous vivons dans des maisons imbriquées, pas dans un festival!»

Conclusion

Sabine
Georg
Brigit
Balz
Tilly
Richard
Caroline
Peter
Gil
Mila
Jon

Caroline souligne la richesse de cette vie collective, également pour les enfants: «Quoi de mieux? Enfant, ça aurait été mon rêve!»

Samuel est reconnaissant envers ses parents pour leur soutien, en particulier leur engagement pour les enfants. Il souhaite pouvoir les soutenir à son tour, l’âge venant: «Tant que mes parents sont là, je serai là aussi, c’est certain».

Pour Sabine et Georg «Ce qui compte le plus, c’est que nous ne sommes pas seuls ici». La maison est une sorte de biotope, où chacun trouve, à un moment ou un autre, un soutien ou un moment de partage.

Pour Balz, la conclusion est claire: «Je dirais qu’on ne peut pas habiter mieux!»

Quartier

Villa

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Le rapport « Densification des zones villas. Une grille de référence » réalisé pour Région Morges est disponible gratuitement au format PDF.

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